En images : Bibles brûlées et murs calcinés dans une église copte de Gizeh
Les attaques contre la minorité chrétienne d’Égypte se sont
multipliées depuis la dispersion sanglante des manifestations pro-Morsi.
Une équipe de FRANCE 24 s’est rendue dans une église copte incendiée et
partiellement détruite près du Caire.
Perdue au bout d’une ruelle poussiéreuse de Gizeh, l’église copte
du quartier de Kordossa semble étrangement calme, dimanche 18 août, à
quelques heures de la messe dominicale. Il suffit de pousser le lourd
portail en fer sous une peinture représentant l’archange Saint-Michel
pour saisir toute l’inquiétude qui tourmente la minorité chrétienne
d’Égypte depuis l’écrasement des manifestations favorables au président islamiste déchu Mohamed Morsi.
L’église n’est plus qu’une carcasse vide, dont les arches et le
plafond noircis témoignent d’un violent incendie. Quelques bancs à
moitié carbonisés ont été poussés dans un recoin de l’édifice ; des
restes de robes religieuses et de Bibles en langue arabe sont visibles
au milieu des cendres. Le gardien de l’église, Reda Abdallah, montre à
l’équipe de FRANCE 24 l’étendue des dégâts et revient sur le déroulement
de l’attaque, survenue le 14 août dernier, au moment même où les forces
égyptiennes donnaient l’assaut du principal campement pro-Morsi devant
la mosquée Rabaa au Caire.
"Islamiya, islamiya !"
"On a d’abord entendu les cris à l’extérieur… Les cris d’une foule en colère chantant 'islamiya, islamiya !' et scandant des slogans hostiles à notre pope [le patriarche copte Tawadros II] et au général Al-Sissi. Il y avait environ un millier de personnes, essentiellement des jeunes de 20 - 25 ans mais aussi quelques personnes plus âgées. Plusieurs d’entre eux étaient armés de bâtons et de couteaux, ils sont venus ici directement après avoir mis à sac le commissariat local", se souvient Reda Abdallah.
"On a d’abord entendu les cris à l’extérieur… Les cris d’une foule en colère chantant 'islamiya, islamiya !' et scandant des slogans hostiles à notre pope [le patriarche copte Tawadros II] et au général Al-Sissi. Il y avait environ un millier de personnes, essentiellement des jeunes de 20 - 25 ans mais aussi quelques personnes plus âgées. Plusieurs d’entre eux étaient armés de bâtons et de couteaux, ils sont venus ici directement après avoir mis à sac le commissariat local", se souvient Reda Abdallah.
Face à cette foule hystérique, le gardien n’a pas eu d’autre choix
que de s’enfuir par la porte de derrière. Les serrures du portail
extérieur n’ont pas tenu bien longtemps face aux assaillants. Entre
16h30 et 18 heures, ces derniers ont méthodiquement vandalisé l’ensemble
du site, mettant le feu à l’église et à la salle des fêtes attenante,
tout en inscrivant des slogans islamistes sur les murs extérieurs. Trois
personnes ont été blessées dans l’attaque.
Pas un policier n’est venu enquêter sur place
Pas un policier n’est venu enquêter sur place
Le jeune copte Korollos Khalil a assisté à la scène depuis le toit de
sa maison, qui jouxte l'un des bâtiments incendiés. Il revoit encore la
façon dont son père s’activait frénétiquement pour arroser le mur
intérieur de son habitation afin d’éviter qu’elle ne prenne feu à son
tour. "Je ne pouvais même pas toucher le mur avec ma main tellement
c’était brûlant !" s’exclame l’enfant de huit ans, encore choqué par la
violence de l’attaque.
Ses parents ont tenté d’alerter les autorités. En vain.
"Mon mari et moi avons appelé la police une centaine de fois. Parfois
les policiers disaient qu’ils allaient venir… mais ils ne sont jamais
venus", rapporte la mère de Korollos Khalil. Le gardien de l’église
confirme qu'aucun policier ne s'est rendu sur place pour enquêter entre
la date de l’attaque, le 14 août, et la venue de l’équipe de FRANCE 24,
le 18 août.
Abandonnés à leur sort, les coptes de Kordossa n’ont pu compter que
sur la solidarité du voisinage immédiat - essentiellement musulman.
Elsam Ahmed, qui habite à 20 mètres de l’église, affirme avoir recueilli
deux coptes blessés chez lui. L’homme d’une cinquantaine d’années
décrit les assaillants comme "des drogués, des petites frappes, des
voleurs qui ont emporté des frigos et tout ce qu’ils pouvaient trouver".
Malgré le soutien oral du patriarche Tawadros II au général Al-Sissi,
les coptes de Kerdassa craignent d’être lâchés par la police en cas de
nouvelle attaque des pro-Morsi. "On a peur pour nos enfants, notre
destin est dans les mains de Dieu", commente Reda Abdallah d’un air
résigné.
Par Abdallah MALKAWI / Adam PLETTS / Hicham EZZAT / Selim EL MEDDEB , envoyés spéciaux en Égypte (vidéo)
Mehdi Chebil (texte)
Mehdi Chebil (texte)
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